Rêveurs, Nostalgiques...
Il ne faut jamais renoncer, car cela laisse prévoir des difficultés futures. Il faut au contraire réagir, vivre, supporter les souffrances non seulement physiques mais aussi psychiques, les peines de toute sorte, les désillusions. La double personnalité est un reflet de ce double aspect de la vie, parfois douce et agréable, parfois dure et amère.
La personne psychiquement saine ne prétend pas que la vie soit l'une ou l'autre chose, car tenant compte de ces contradictions, elle s'adapte à la souffrance lorsqu'il faut souffrir, et à la joie lorsque la vie la lui offre. en fait, on peut dire que tout commence à tourner mal quand on souffre sans aucune raison.
Les nostalgiques
Il ne faut pas chercher non plus à se réfugier dans le passé, cela ne sert à rien. Qui s'y raccroche trop devient incapable de profiter de l'instant présent. Se réfugier dans le passé est une dangereuse évasion car elle empêche l'individu d'être objectif dans ses appréciations (il transpose romantiquement certaines valeurs du présent à des choses du passé) et finit par tomber dans le plus profond pessimisme. Le nostalgique est un individu stérile et malheureux qui pleure sur les ruines de son passé et vit dans des souvenirs qu'il tend à embellir, poussé par une imagination débordante. C'est un être vivant mais qui, socialement, se comporte comme s'il n'était plus de ce monde.
Les rêveurs
Celui qui rêve tout éveillé vit un peu dans la même situation. Imaginer des choses qui ne pourront jamais se réaliser revient à se droguer et à se détruire peu à peu. Les belles images, que l'on se complaît à évoquer au gré de sa propre fantaisie, ne servent qu'à nous opposer violemment à la réalité qui, en soi, n'est jamais parfaite. Celui qui se réfugie, tel un ermite, dans son imagination, croit avoir découvert le secret de son bonheur, car il peut ainsi échafauder tout ce qu'il désire. Le monde lui appartient, mais c'est un monde irréel, tout d'illusion, qui s'évanouit brusquement comme un fantôme.
L'illusion est éphémère et affaiblit la volonté, et le grand rêveur sort vaincu de toutes les épreuves, sans avoir le courage d'affronter les choses à leur juste mesure, et accumule erreur sur erreur.
>"Comment se psychanalyser soi-même" de A. Roberti / p31